mai 14, 2021

« Nos voisins d’en face. Je les connais à peine, arrivés dans le patelin depuis quelques semaines. Un des enfants de cette famille, Rémi, est dans la même classe de 2e année que notre fille. Cette dernière nous a partagé que Rémi a beaucoup de peine ces jours-ci, puisqu’il vient d’apprendre que son grand frère a le cancer. De mon côté, je ne sais pas quoi dire lorsque je vois les parents, à un point tel que je les évite quand l’un d’eux sort de chez eux…

Que faire, que dire… et comment les soutenir et leur montrer ma compassion dans ce qu’ils vivent ? »

Ceci n’est qu’une mise en situation fictive, pourtant bien courante.

Les interactions sociales dans des contextes peu familiers tel celui de la maladie ou du deuil peuvent causer, pour la plupart d’entre nous, un certain malaise, d’où le besoin d’adresser le sujet puisqu’on est tous invités, tôt ou tard, à tendre la main…

À ceux qui peuvent s’imaginer la situation des parents de Rémi, comment aimeriez-vous que vos voisins ou collègues de travail vous abordent dans ce contexte ?

Cela mérite un temps de réflexion.

Selon Christophe Fauré, psychiatre et psychothérapeute spécialisé dans l’accompagnement des ruptures de vie, la personne endeuillée a besoin d’un autre être humain pour témoin de sa peine. Il explique que le plus douloureux des sentiments à vivre est celui d’être ignoré, de ne pouvoir se raconter.

Le deuil. Il englobe beaucoup plus que celui causé par le décès d’un proche. Il y a le deuil d’une vie en santé, le deuil d’une relation teintée par la maladie… le deuil de comment c’était avant… le deuil face à ce que ce sera maintenant…

Et sans vouloir mal faire, on n’ose pas approcher la personne affligée par l’épreuve, de peur de choisir les mauvais mots, de susciter des pleurs, de ne pas savoir comment réagir…  Nos peurs prennent le dessus sur le besoin de l’autre, et nous devenons inactifs. Voire peu soucieux de la réalité de l’autre.  

Voici quelques exemples de façons d’aborder une personne éprouvée, qu’elle soit proche ou moins proche de nous…

“Notre fille nous a raconté ce qui arrive à votre garçon… sachez que si vous voulez en parler, je suis à votre disposition.”

“Comment vous sentez-vous, en ce moment, face à cette situation?”

“Y a-t-il quelque chose que je peux faire pour vous aider?”

On offre une aide concrète.

On offre un repas, on propose un coup de main avec les devoirs d’un des enfants, une heure de répit pour maman en gardant bébé. Si les enfants de la famille éprouvée sont du même âge que les nôtres, ces derniers peuvent offrir de passer du temps avec eux.

Les idées viendront selon les besoins exprimés.

Du temps et beaucoup d’écoute sont des ingrédients qui ont fait leur preuve, bien qu’on ait à sortir de notre zone de confort pour les offrir.

Demeurons simples et sincères. Chaque regard de compassion, chaque petite attention saura dire à l’autre “Je vois que tu souffres, je suis là.”

OSER ces gestes peut faire toute la différence.

Entre humains, une main tendue…