novembre 3, 2020

Des symboles. Parce qu’on a besoin de rappels et d’invitations. Invitations à l’empathie, à la compassion, à la générosité.

Le mois d’octobre, mois consacré à la sensibilisation au cancer du sein, fait place à novembre avec sa campagne annuelle entourant le cancer de la prostate et les défis de santé auxquels les hommes font face. Deux mois, ça passe vite. Peut-être trop vite pour créer un réel impact dans le cœur de tous ceux qui ne sont pas directement concernés. Et c’est bien normal, se dira-t-on, avec la vie de fou qu’on mène…vous connaissez le topo : métro, boulot, dodo, jour après jour, semaine après semaine.

Jusqu’à ce que le monde chavire, comme en ce moment.

Vous savez trop de quoi je parle. Qui aurait cru que la pandémie interne que vivent les gens aux prises avec le cancer viendrait qu’à être partagée, un tant soit peu, avec le reste de la planète qui fait face à cette crise sanitaire? Confinement, restrictions de toutes sortes, incertitudes face au lendemain, questions sans réponses, attente, et encore plus d’attente. Les gens malades, eux, ont connu ça bien avant la COVID-19. Force est de constater aujourd’hui qu’on est tous vulnérables, fragiles et sans contrôle.

Et ce n’est pas une si mauvaise chose.

Plus que jamais, l’humanité entière est invitée à voir la vie autrement, avec de nouvelles lunettes. Parmi les éléments amenant une nouvelle vision, pourquoi pas davantage de gratitude, générant sur son passage compassion et générosité, justement? Compassion envers ceux qui vivent de plus grands défis que nous…il y en a tout plein sur la planète.

Question de relativiser, prenons l’exemple de la vie avec cette maladie dévastatrice qu’est le cancer. Peu de choses s’y compare. Tentons de se mettre dans les souliers de ces pères, ces mères, ces enfants qui doivent apprendre à composer, tant bien que mal, avec la souffrance physique et psychique trop présente. À moins que vous ne soyez cette personne…

Les familles dont un membre est atteint du cancer font face à l’inimaginable. Leur parcours, s’étendant de quelques mois à parfois plusieurs années, est parsemé de ce que nous vivons à moindre intensité depuis le printemps.  La vie telle que chacun la connaissait est chamboulée, les cœurs aussi. Notre grande question du jour: « Pour combien de temps encore, ce confinement? » rejoint la leur, plus dramatique : « Pour combien de temps mon petit frère, mon père, ma mère, mon enfant a t-il encore à vivre? ».

Loin de nous l’intention de prendre qui que ce soit par les sentiments. Il est bon cependant, en quelque part, de se laisser prendre à réfléchir, à s’arrêter.

S’arrêter intentionnellement de prendre la vie pour acquis, s’arrêter pour s’entraider, de quelque façon que ce soit, pour prêter une oreille attentive, faire un effort pour comprendre les réactions différentes des nôtres, ou juste pour ne pas envenimer une situation déjà tendue – on en connaît tous ces jours-ci.

On monte d’un cran : s’arrêter pour apprécier tout ce que l’on a, ce que l’on est et ce qu’on est appelé à devenir à travers le cocktail de circonstances difficiles que nous offre la vie. Au moment où vous lisez ceci, le soleil brille devant ou derrière les nuages. La nature suit son cours, bien qu’éprouvée elle aussi.  La vie continue. Loin d’être parfaite, on en convient… elle ne l’a d’ailleurs jamais été.

Malgré son goût doux-amer, la vie prend tout son sens dans la reconnaissance.

En contribuant à ces quelques lignes avec mes deux partenaires coaches, je vous écris entre mon rose et mon moustachu. Rose parce que ma réalité comporte un chapitre de vie avec le cancer du sein. Et mon moustachu, à mes côtés, apprend, tout comme moi, à composer avec cette nouvelle normalité – pour le meilleur et pour le pire, tel qu’il me l’a promis jadis. Et la vie continue – et j’en suis si reconnaissante.

Comme l’exprime un chant récemment composé pour la campagne de sensibilisation au cancer du sein, la couleur rose sera un jour comme toutes les autres, dans l’espoir que le cancer ne devienne chose du passé.  En attendant ce jour, honorons les efforts pour combattre ce fléau.

https://www.youtube.com/watch?v=zZUObmVkJfg&fbclid=IwAR1m8HqsYqH-egJ81W3Olvw1XJ5RoIC1MflDRroArIVS3mFB3xGT0rNxwVw

Entre le rose et le moustachu, il y a une multitude de couleurs et de réalités, parfois belles et enivrantes, souvent brouillées et troublantes. Accueillons-les toutes, chez-soi et les autres, et laissons-les nous façonner en beauté. C’est toujours le choix que nous aurons face à tout ce qu’on ne choisit pas.